samedi 27 février 2010

Shutter Island : le monstre qui est en nous...*****


Avec Shutter Island, on retrouve un Martin Scorcese au top de sa forme qui convie le spectateur à un voyage mental sidérant dans les arcanes de la folie. Nous sommes en 1954 et le marshal Teddy Daniels et son collaborateur Chuck sont en route pour Shutter Island, une île où sont enfermés de dangereux criminels dans un hôpital psychatrique. Une patiente a disparu. D'emblée, sur le bateau rejoignant l'île, on est plongé dans une atmosphère moîte et poisseuse, qui rappelle à nous le souvenir des films noirs des années 50. L'enquête à peine commencée, on sent déja un mauvais climat planer sur le personnages et dans le gris du ciel numérique scorcésien. Où débarquent les marshals? c'est l'inconnu. Le mauvais karma est là dans la nervosité et la tension incarnées à merveille par Di Caprio. Continuer à raconter l'histoire c'est maintenant trop en dire, car Shutter Island est un film qui se déguste jusqu'à la dernière miette, un thriller où Scorcese sème les indices en maitre du suspense et de l'intrigue. On peut dévoiler qu'il y est question de traumatisme, de folie, d'amour blessé et tragique. Scorcese multiplie les pistes de lecture, maitrise parfaitement son sujet, et nous déroute en nous rappelant la complexité, les failles de la nature humaine. Il explore tous les genres : l'épouvante représentée dans des images morbides et sanglantes de la Shoah que n'aurait pas renié Roman Polanski, les effets spéciaux pour traduire une histoire d'amour tragique rongée par la culpabilité dont l'exemple visuel le plus frappant est le corps de la jeune Michelle Williams se consumant dans la cendre. Des images fortes qui imprègnent la rétine.



Tous les personnages sont remarquables Di Caprio en tête en proie à ses démons. Un des rares acteurs a incarné à un tel point de justesse la souffrance psychologique. Mark Ruffalo fait bien son travail dans la peau d'un collaborateur aussi sympathique qu'ombrageux. Ben Kingsley est aussi à la hauteur dans son rôle de psychiatre d'un calme troublant et inquiétant. Son personnage rappelle le tortionnaire de La jeune fille et la mort de Polanski. Scorcese nous jette dans les méandres de la nature humaine dans ce qu'elle a d'obscure, fascinante. Ne pas oublier la jeune Michelle Williams qui est parfaite en apparition déchirante et obsessionnelle du héros.
C'est avec un vrai plaisir de spectateur que nous suivons cette enquête en proie aux déreglements des sens. Scorcese nous attrape pour ne plus nous lâcher jusqu'à la fin. La dernière scène est à mon sens anthologique laissant le spectateur avec le sourire aux lèvres, béatitude face au dénouement final, devant le pouvoir d'un réalisateur de nous laisser avec ces questions en suspens. Dire aussi qu'il y a du Hitchcock dans les influences ressenties. Une réflexion sur la dualité qui rappelle Vertigo. Bref le film terminé on pense à l'image de cette vielle femme sans cheveux et aux dents pourries que Di Caprio fixe avec effroi et intérêt au début du film et on se dit que la folie n'est pas toujours tapie dans l'ombre, du moins Scorcese tente d'éclairer notre lanterne sur les monstres qu'il y a en nous. Shutter Island est un thriller qui nous renseigne sur les différentes facettes de l'être humain voire de l'humanité.

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